Les jumeaux fondateurs (Les jumeaux – 1)

J’ai toujours été fascinée par les jumeaux.

Je sais que je ne suis pas la seule, loin de là.

Est-ce parce que j’ai des jumeaux dans ma famille ? Aucune idée.

Les jumeaux dans la littérature

Ma grand-mère paternelle (à gauche) – 1926

Mais c’est un fait.

Et il m’a fallu un certain temps pour remarquer que dans mes écrits, figuraient toujours des jumeaux.

Jusqu’à ce que j’en fasse une figure récurrente, volontaire, de mes romans en cours et à venir.

J’entame aujourd’hui ce sujet qui inclut les jumeaux célèbres, contemporains ou passés, ainsi que les jumeaux dans la littérature, car ils sont récurrents.

Cette première partie aborde l’origine biblique des peuples juifs et musulmans.

Des jumeaux bibliques célèbres à l’origine des 2 peuples juifs et musulmans

Il était une fois, un homme âgé et célèbre (mais pas de son temps) prénommé Abraham. Il avait un fils, Isaac, qui à plus de 40 ans, prit pour épouse Rébecca.

Mais les années passèrent, et toujours pas d’enfant.

Il faut préciser que sa femme Rébecca était stérile.

Alors Isaac pria dieu pour avoir un enfant quand même.

Et lorsque Isaac eut 60 ans, Rébecca se retrouva enceinte.

Mais son ventre était douloureux et ressemblait à un combat d’arène. Elle se plaignit à dieu et dieu lui répondit : « Il y a 2 nations dans ton ventre, 2 peuples issus de toi qui se sépareront et dont l’un sera plus fort que l’autre et le plus grand asservi au plus petit. »

Rébecca ne comprenait goutte à tout cela, mais elle donna naissance à un enfant roux et velu qu’elle prénomme Esaü (en référence à sa couleur de cheveux et à sa tignasse). Esaü peut aussi être appelé Ismaël.

En sortant, celui-ci avait, accroché à son talon, une main minuscule : c’était son frère que l’on prénomma Jacob.

Le problème de la fraternité, récurrent dans la Bible depuis Caïn qui tua son frère, se double de celui de la gémellité. Pourtant, un lien certain continuera d’unir les deux frères jumeaux.

Qui grandirent et furent aussi différents dans leur comportement que par leur physique (vous aurez compris que c’étaient de faux jumeaux).

Esaü, préféré par son père parce qu’il le nourrissait, était devenu un chasseur avide d’aventures, un jeune homme du terroir. Il est d’ailleurs rigolo de noter que l’expression biblique « Qui va à la chasse perd sa place » vient d’Esaü, lisez la suite pour comprendre.

Jacob, préféré par sa mère, était devenu un jeune homme tranquille, vivant sous sa tente et jouant à Tetris à ses heures perdues (bien peu, faut l’avouer).

Un jour, Esaü rentra affamé d’une vadrouille et sentit ses papilles s’éveiller au délicieux fumet du potage que préparait son frère.

Voici à peu près ce qui fut échangé :

— J’ai super méga faim ! Je kiffe grave cette odeur ! Donne-moi à becqueter mon frère.

— Seulement si tu me vends ton droit d’aînesse.

— J’ai bien trop la dalle pour pouvoir réfléchir correctement. Mais à quoi bon ? Ce droit d’aînesse ne m’avance pas à grand chose. C’est d’accord !

Jacob le lui fit jurer, Esaü cracha dans la soupe de lentilles qu’il venait de recevoir, oubliant qu’elle lui était destinée, puis rompit le pain encore chaud et le trempa dans le potage à coups de lampées bruyantes.

Les années passèrent, Esaü prit plusieurs femmes tant il était gourmand charnellement et ses épouses difficiles à vivre avec sa famille. Et Isaac, aveugle, arriva au seuil de la mort. Il demanda à son fils de lui ramener un délicieux gibier puis de le cuisiner, afin d’être repu pour le bénir. Esaü partit donc à la chasse.

Entre-temps, Jacob arriva devant son père, qui, croyant que c’était Esaü, le bénit. Il lui offrit tous ses biens et le nomma héritier principal. Aussi lorsque’Esaü rentra, il était trop tard. Son père le bénit quand même en lui disant qu’il se libérerait de son frère.

Complètement dégoûté, le frère qui avait tout perdu, projetait de tuer son frère mais celui-ci, prévenu par leur mère, se réfugia chez son oncle pour y épouser une de ses cousines.

Vingt ans plus tard, les 2 frères devaient se retrouver. Mais la veille, Jacob eut à affronter toute la nuit un être qui s’est révélé être un ange. C’est ainsi qu’il fut nommé « Israël » : celui qui lutta avec Dieu.

D’où l’expression, pour le peuple hébreu (juif), d’Enfants d’Israël, les descendants de Jacob.

Jacob eut 12 fils dont Joseph, le préféré de son père et jalousé par ses frères car il prédisait qu’il les dirigerait tous. Ce sont ces 12 qui constituent les ancêtres des peuples d’Israël.

Aussi, ses frères vendirent-ils Joseph comme esclave, faisant croire à leur père qu’il était mort. Ils ignoraient qu’ils agissaient au nom de dieu, car Joseph fut emmené en Egypte où il trouva une belle place auprès du Pharaon, grâce à sa capacité d’interpréter les visions. De fait, Joseph joue un rôle primordial dans l’histoire du peuple hébreu.

C’est ainsi qu’au fil des siècles, ses descendants devinrent esclaves en Egypte et souffrirent beaucoup. Jusqu’à l’arrivée de leur sauveur : Moïse, envoyé par Dieu. Il les fit sortir du pays et traverser le désert, jusqu’au Mont Sinaï. Le futur peuple Juif entendit Dieu leur promettre qu’il serait le plus aimé et une nation sainte composée de prêtres, en échange de leur écoute de sa Parole.

Alors Dieu leur révéla la Torah, et le peuple d’Israël promit qu’il ferait tout ce que dirait Dieu.

Pour les Musulmans, Jacob est le Prophète de Dieu, fis d’Isaac et petit-fils d’Abraham.

Esaü, quant à lui, fut à l’origine de l’Empire romain d’où découle le Christianisme. Il symbolise également, pour les Juifs, l’action, la force physique et la chasse (interdite par la tradition juive).

Les historiens et généalogistes Musulmans de leur côté, s’accordent avec les Juifs sur le fait qu’Esaü soit le fondateur des Romains. Cependant, contrairement aux Juifs, ils ne considèrent pas que les fils d’Israël aient la préséance ni que les fils d’Esaü soient des hommes perdus. Les fils d’Esaü furent guidés aussi, notamment par Job, l’arrière-petit-fils d’Esaü. Job qui aurait un rôle déterminant dans la Fin des Temps grâce à sa fidélité à Jésus.

J’espère que cette histoire des jumeaux bibliques vous aura éclairé un peu sur l’histoire fondatrice des religions juives et musulmanes, avec tout ce qu’elles peuvent avoir de différences et de points communs.

La seconde partie, vous l’aurez jeudi prochain, petits veinards 😉

21 réflexions au sujet de « Les jumeaux fondateurs (Les jumeaux – 1) »

  1. Coucou, Marjorie!
    Je connaissais en gros cette histoire, mais racontée comme cela, c’est beaucoup plus marrant!
    Par contre, tu oublies dans ton article de préciser qu’Ismaël est l’ancêtre des Musulmans! Ce qui explique d’ailleurs ta conclusion, qu’on ne comprend pas autrement, puisque tu dis qu’il est le fondateur de l’empire romain…
    Désolée de cette petite précision mais elle me semble importante pour expliquer le fait que Musulmans et Juifs se déchirent comme des frères ennemis depuis toujours! 🙂

    1. Coucou Isabelle !
      Tu as entièrement raison !!!
      Et c’est important de le préciser, en effet : Ismaël (ou Esaü) est à l’origine des Musulmans, selon cette histoire.
      Merci d’avoir complété cet oublie de ma part 🙂

  2. Bonjour, Marjorie,
    Je partage l’avis de Karl Marx, bien que je ne sois ni marxiste ni trotskiste. Le problème, c’est qu’on a toujours tronqué sa citation qui est exactement : « La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans coeur, comme elle est l’esprit des conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple ».
    Bien plus facile à comprendre !

    1. Coucou Guy !
      C’est vrai que de cette citation, on ne connaît que sa partie devenue célèbre : La religion est l’opium du peuple.

      On comprend malgré tout sa signification (en tout cas les non religieux), mais à la lumière du contexte, c’est plus clair 😉

  3. Tu as failli me perdre avec les références bibliques… et je pense pas avoir tout compris… comme disait Astérix, ils sont fous ces hébreux.
    Plus sérieusement, c’est intéressant, j’avais sauté cette partie quand j’ai étudié la bible…

      1. C’est surtout que La Bible c’est pas vraiment une histoire passionnante tout le temps… Et la généalogie, c’est pas mon délire 🙂

  4. Bonjour Marjorie !

    Décidément, ton blog est une source d’enrichissement et d’éducation. J’ignorais tout de l’origine des religions monothéistes qui subsistent aujourd’hui.

    Ce n’est pas tout à fait vrai car j’avais lu cette histoire dans la Bible, dans l’Ancien Testament, mais je ne l’avais pas retenue.

    Alors que pourtant les histoires de jumeaux me passionnent moi aussi.

    Merci de nous informer sur un ton humoristique.

    http://danny-kada-auteure.com/

    1. Coucou Danny,
      Merci 🙂 Souvent, pour retenir quelque chose, il nous faut la lire ou l’assimiler plusieurs fois.
      Je suis contente d’avoir pu lier à la fois les jumeaux et Jérusalem (les religions) 😉
      Je crois que nous sommes beaucoup à être passionnés par ce sujet des jumeaux.

  5. Si les vrais jumeaux sont souvent très proches, il arrive en effet que les « faux » jumeaux se placent dans une sorte d’opposition, de rivalité, allant parfois jusqu’à accentuer leurs différences. Je ne connaissais pas cette histoire mais ne suis pas surpris par ce lien fraternel.
    Les trois grandes religions monothéistes ont clairement les mêmes racines, c’est bien dommage que leurs adeptes se divisent sur des interprétations. Chacun prétend détenir LA vérité, être les seuls élus de dieu… je ne peux pas cautionner cela. Le plus important, est-ce vraiment ce qui les divise ou plutôt ce qui les rassemble ?

    Pour moi, les croyances dogmatiques sont un fléau. Une religion qui divise les hommes et les femmes, les hiérarchise, ne peut pas être une bonne philosophie. C’est un instrument de pouvoir qui est trop souvent placé entre de mauvaises mains.
    Cela dit, je trouve toujours plaisant de découvrir une légende fondatrice. Bel article, merci pour le partage.

    1. C’est vrai, Sandro, que les faux jumeaux ne sont finalement que comme des frères nés séparément. Mais comme ils ont malgré tout cet attachement des jumeaux qui ont grandi dans le ventre maternel en même temps, et se sont finalement touchés, c’est un peu particulier.

      Totalement d’accord avec toi sur les trois grandes religions monothéistes qui se battent pour leur primauté, sur l’interprétation de la Bible (qui est elle-même déjà une interprétation de paroles de tiers et anciennes). Je trouve paradoxal de tuer ou de se battre au nom de dieu, qui est sensé être amour et tolérance. Tous ces dogmes sont des fléaux, car ils rassemblent des croyants dont beaucoup sont ce que je qualifie de « faux croyants » : ils n’appliquent pas vraiment ce qu’ils apprennent (l’amour du prochain par exemple), ou alors sont intolérants, ou méchants, ou au contraire ils vont l’appliquer à la lettre mais sans réfléchir, sans l’adapter à notre monde qui a changé depuis les temps bibliques (je songe au ramadan qui n’a pas de sens lorsqu’on travaille car cela fatigue). Quant à l’intégrisme, là ça me met dans des colères indicibles. C’est comme l’Inquisition catholique au Moyen Age : tuer (et cruellement en l’occurrence) parce qu’on ne croit pas dans le même dieu. Je crois fermement à ceci : qu’on est soi-même notre propre Temple et qu’on est tous le divin.

      1. Superbe démonstration, Marjorie.
        Je suis tout à fait d’accord avec toi et Sandro : à qui bon se battre pour un dieu dont personne ne sait s’il existe ?
        Brassens l’a chanté à plusieurs reprises

      2. Coucou Guy !
        Ah, la grande question des dieux 😉
        Une création de l’homme ? Une bonne carotte pour faire le bien ? (Ou le mal dans le cas des fanatiques)
        Une exagération humaine suite à une révélation divine ?
        Le grand mystère. Mais ce qui est sûr, selon moi, c’est que nous sommes tous divins et sommes un temple, tout est à l’intérieur de nous. Dommage que la religion ait très souvent faussé tout ça et « sectifié » ce qui était pur et bon à la base 🙂

  6. Ce qui me fascine chez les « vrais » jumeaux, c’est qu’ils sont quasiment identiques physiquement, différents dans leur individualité mais connectés par un espèce de lien. Il y a peut-être moins de rivalité que dans les fratries ordinaires. Si Jacob et Esau étaient de vrais jumeaux, le miroir l’un de l’autre, Esau aurait-il craché dans la soupe de lentilles ? Notre monde serait-il différent ?

    1. C’est vrai, Marjorie. Même identiques (plus ou moins selon les jumeaux), il y a toujours une petite différence au moins, même minime. Et cette histoire de lien entre eux est vraie, oui.

      Une des plus incroyables histoires à ce sujet, dont tu as peut-être entendu parler, c’est celle des vrais jumeaux américains Jim Lewis et Jim Springer, séparés alors qu’ils étaient âgés d’un mois. Ils se sont retrouvés à 39 ans en 1979. Tout ce temps, ils avaient vécu « dans leur coin », sans rien connaître de l’existence de l’autre. Et pourtant, des similitudes incroyables ont jalonné leur parcours. Aperçu : tous deux ont eu un chien appelé Toy, tous deux ont épousé une Linda, puis une Betty, tous deux ont eu un fils prénommé James Allan (sauf qu’un est avec un seul « l »), tous deux avaient pour voiture une Chevrolet bleu clair, passaient leurs vacances exactement dans le même village de Floride, fumaient la même marque de cigarettes, ont exercé exactement le même métier (shérif à temps partiel), tous deux avaient des migraines et se rongeaient les ongles. Seule différence : leur coupe de cheveux.
      Je trouve ça super méga fascinant !!!!

      Tu soulèves un aspect très intéressant : que serait-il advenu du monde, et surtout de nos religions, si Esaü était resté l’aîné par exemple…

  7. depuis toujours, l’argent est le nerf de toutes les guerres : familiale, entre voisin, entre amis, entre communes et j’en passe et des meilleures. Si cette chose n’existait pas, peut-être que la terre ressemblerait au Paradis…

    1. En effet, Jennifer, l’argent est le nerf de la guerre. Mais ce qu’on oublie trop souvent, c’est que : l’argent est ce qu’on en fait. Autrement dit, si on l’a en abondance et qu’on l’utilise pour créer un orphelinat, par exemple, là c’est top (c’est un exemple réel). Si en revanche, il ne sert qu’à être gaspillé ou à « avaler » les autres ou à frimer (je pense notamment à la jet set qui est puante d’argent tant elle en a sans savoir qu’en faire), là c’est à mauvais escient.
      On a grandi, surtout en France, avec l’idée que l’argent est sale. Il peut l’être, mais pas forcément… 😉 Sans argent, surtout dans notre société, on ne peut accomplir de grands rêves ni aider les autres ni créer des emplois.

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